Qui coupe ne choisit pas

Enfant, il y avait cette règle simple pour se partager une banane :

QUI COUPE NE CHOISIT PAS.

Ô astuce ! Ainsi celui qui coupait s'efforçait de son mieux de faire deux parts rigoureusement égales : il savait bien que l'autre prendrait la plus grosse. Et si la banane était un peu pourrie d'un côté, il fallait en tenir compte de la manière la plus équitable possible pour ne pas se faire arnaquer ; car on aurait la pire part.

J'en tire une proposition constitutionnelle : les dirigeants auront la place du plus mal loti. Ainsi ils ne seront pas tentés d'admettre des positions sociales inégales !

Sans aller aussi loin dans l'utopie, on peut en tirer l'idée suivante : la justice est difficile à déterminer, mais on peut en revanche mettre en place assez facilement des dispositifs de justice qui permettent de la déterminer au cas par cas. Et au fond, la négociation elle-même n'est rien d'autre qu'un tel dispositif.

Le système idéal n'est pas celui qui a les lois idéales, mais celui dont la constitution rend les lois inutiles, car chaque acteur est poussé à agir justement.

Ainsi il suffirait presque que le tribunal soit sagement constitué pour se passer de toute loi et de la pénible prolifération juridique actuelle.

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