Croissance

La croissance n'est pas un objectif politique. Si elle était parfaitement mesurée (i.e., si une augmentation du nombre d'accidents ou de maladies ne contribuait pas à la "croissance"), elle pourrait l'être, à condition que l'on considère que s'enrichir est un objectif politique.

Mais la décroissance n'est pas non plus un objectif politique. Car la croissance (telle qu'elle est mesurée) n'implique pas plus le gaspillage que l'augmentation du bien-être. Autrement dit, elle n'est ni "toute bonne" ni "toute mauvaise". Elle est hybride : une part de gaspillage et de pollution, mais aussi une part d'amélioration réelle.

Exemples : les accidents de voiture entraînent de l'activité économique (hôpital, réparations, etc.) donc contribuent à la croissance. L'augmentation de la consommation en matières premières et énergies fossiles aussi (car on ne comptabilise pas, dans le bilan de la richesse créée, la richesse détruite par le fait de consommer ces ressources naturelles). Les progrès informatiques (et, de manière plus générale, les inventions techniques qui permettent de polluer et travailler moins) contribuent à la croissance, sans avoir d'effets négatifs.

De manière plus générale, et purement économique, tous les raisonnements qui visent à résoudre les problèmes (chômage, etc.) par la croissance sont superficiels et à courte vue. Car la justice (économique, sociale, etc.) n'est pas une question de volume. L'idée keynésienne, consistant à résoudre le problème du chômage par la relance de la demande et de la croissance, fonctionne peut-être, mais ce n'est pas l'horizon absolu de la pensée économique. Il viendra un jour où il faudra songer, face au chômage, non pas à produire davantage, mais plus simplement à assurer le partage du travail existant entre ceux qui veulent travailler.

Bref, l'équité du partage ne dépend pas de la taille du gâteau. Certains pensent que si le gâteau est mal partagé il faut le faire grossir. Ou bien ils sont à côté de la plaque, ou bien c'est parce qu'ils ont la grosse part et ne veulent pas en céder une partie aux autres qu'ils tiennent un discours si absurde. Les réponses keynésiennes au chômage sont à courte vue.

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